"Non, je n'ai pas encore acheté la poussette, j'essaye de survivre à mes nausées d'abord".

Ce qui m'a toujours gonflé, c'est à quel point ta vie privée ou même ton corps devient un sujet de conversation primordial voire carrément un espace public à partir du moment où tu es enceinte. Tout le monde y va de sa question, de sa remarque, de son avis ou de son pronostic.

Sur tes douleurs, même les moins glamours (je ne comprends pas commentl es gens peuvent éprouver autant d'intérêt à parler des nausées, sérieux, on parle de vomi quand même...)

Sur la forme de ton ventre, ou sa taille. Ou son absence. Ca ne va jamais, forcément.

Ou sur tous les petits trucs qui entourent la grossesse et que tu DOIS faire.

Et comme je suis sympa, je n'ose pas trop leur dire qu'après tout, ce n'est pas leurs affaires et qu'une grossesse, bordel, c'est quand même un truc un peu perso. Voire intime. Non mais.

En vrac:

"Vous avez déjà un ventre pareil? A quatre mois? Mon dieu, mais vous allez être énorme!"
Merci de ton analyse, connasse, mais ton boulot c'est de me vendre mes chaussures, donc la taille de mon ventre importe peu.

"Oh, le ventre est pointu et haut, c'est sûrement un garçon!"
Au bout de six échographies, on a vérifié à chaque fois, c'est bien une fille. Si on s'est planté, je colle un procès à l'échographiste qui a trafiqué les photos.

"Vous avez choisi la poussette?"
Tu crois pas qu'en six mois, on a un peu de temps? Ne serait-ce que pour voir les nouveautés qui vont sortir d'ici là, en bons geek fashion victime qu'on est?

"Tiens, je t'ai acheté un petit pyjama trop mignon!"
Je tiens encore le test pipi dans la main. Pas top le timing.

"Quand tu voudras souffler, je te le garderai!"
Si tu pouvais penser à me faire mes courses, mon ménage, mes repas pour "quand je voudrais souffler" au lieu de penser déjà à me prendre mon bébé, ce serait sympa.

"Comme tu dois mal dormir, je t'ai apporté de l'homéopathie et un coussin d'allaitement."
Je ne dors pas mal. Enfin, si, mais parce que j'ai envie de faire pipi tout le temps, donc ton homéopathie ne sert à rien. Et à trois mois de grossesse, le coussin d'allaitement, ça fait un peu flipper, merci.

"Je te recommande ma maternité, ils sont trop bien".
Je te recommande la mienne aussi, ils sont trop bien. Et à dix minutes de chez moi. Je vais pas me taper trente bornes pour aller accoucher dans une clinique privée alors que j'ai un truc super à portée de main.

 "Il faut prendre un congé parental. Tu verras, quand elle sera là, tu n'auras plus envie de la quitter. 2 mois et demie, c'est trop petit!"
Et si je faisais comme je veux aussi? 

"Vous avez trouvé le prénom?"
Oui, et tu peux crever pour qu'on te le dise. 

"Et vous hésitez entre quoi et quoi, pour le prénom?"
Bien tenté. CF réponse précedente. Mais de quoi je me mêle à la fin? Tu veux pouvoir donner ton avis? On n'en veut pas!

"Tu sais, les bébés, faut pas les quitter des yeux une seule seconde, alors il faut mettre tout à portée de main dans la table à langer".
Ah bon? Zut, moi qui pensais prendre un apéro au milieu du change de couche!

Les choses se compliquent encore quand les gens oublient un peu que ce n'est pas tout à fait ma première grossesse, ni mon premier accouchement. J'avoue que ce n'est pas toujours facile de savoir comment m'en parler, mais il y a des limites à l'indélicatesse.

"La péridurale, je te recommande, c'est quand même vraiment bien, faut pas avoir peur de l'aiguille."
Je suis restée 20 heures sous péridurale la dernière fois. Je crois que j'ai eu bien le temps d'en faire le tour.

"Alors, prête à être maman?"
Punaise, heureusement que tu me poses la question, j'y avais pas réfléchi la première fois et comme une andouille, j'ai récidivé avant de creuser la question.

"Enfin, je vais pas te raconter mon accouchement, je voudrais pas te faire peur."
Mon premier bébé est resté dix heures mort dans mon ventre pendant que je convulsais de fièvre sur la table d'accouchement. Tu veux qu'on fasse un concours de qui fait peur à qui ou ça va aller?

Alors j'avoue, c'est mal. Très mal, mais je m'en fous. Chéri fait pareil. Quand les questions indiscrètes commencent à nous saouler vraiment, on a une réplique imparable. Petit exemple:

"Alors, vous avez acheté la poussette et choisi le prénom?
- Non, tu sais, avec ce qu'on a vécu avec Arthur, ... 
- Ah oui bien sûr pardon je comprends" *change vite de sujet tellement il se flagelle d'avoir été maladroit*

Mon fils est très efficace pour rembarrer les relous.

Bon, le problème, c'est quand Amazon s'y met aussi. Genre quand j'achète un livre de yoga de grossesse pour travailler ma souplesse de baleine tranquille chez moi et que je reçois ça:

Bien. Le 22 août, j'étais pile à 6 mois de grossesse. Donc j'avais ce jour-là possibilité d'acheter assez de couche pour tenir jusqu'à Noël et ce, 3 mois avant la naissance. 

Le commerce, mes amis, ne s'embarrasse pas non plus de délicatesse.